Il y a les marques qui crient et celles qui chuchotent. Totême fait partie de la seconde catégorie, et pourtant tout le monde l’entend. Depuis 2014, cette maison suédoise fondée par Elin Kling et Karl Lindman s’est imposée comme la référence absolue du luxe minimaliste contemporain : des coupes parfaites, des matières dingues, des couleurs qui ne crient jamais, et des prix qui font réfléchir deux fois avant de cliquer sur « ajouter au panier ». Résultat ? Totême est devenue l’uniforme des femmes qui n’ont plus besoin de prouver quoi que ce soit : éditrices de mode, architectes, avocates d’affaires, mamans scandinaves en SUV électrique… elles portent toutes le même manteau camel, le même blazer noir et le même jean droit. Et elles ont toutes l’air infiniment chics.
L’histoire : un couple et une obsession pour la perfection
Elin Kling était déjà une influenceuse majeure en Suède (l’une des premières vraies blogueuses mode des années 2000) quand elle rencontre Karl Lindman, entrepreneur dans le digital. Ensemble, ils décident de créer la marque qu’ils ne trouvent nulle part : des vêtements qui seraient à la fois ultra-modernes et intemporels, luxueux sans logo, minimalistes sans être austères.
Le nom « Totême » vient du mot « totem » : un objet qui porte une signification forte et qui traverse le temps. Premier drop en 2014 : un manteau en laine double face camel, un pull en cachemire gris, un jean brut taille haute. Tout est vendu en quelques heures. Depuis, la marque n’a jamais dévié de sa ligne : produire peu, produire bien, produire lentement.
Le style Totême : le moins qui fait le maximum
Totême, c’est le fantasme du « quiet luxury » poussé à son paroxysme. Tout est pensé pour disparaître et sublimer celle qui le porte :
- Le manteau camel iconique (le « Signature Coat ») : long, droit, en double laine ou cachemire, col chemise, ceinturé ou non. Il coûte 1500 € et on le voit sur 70 % des photos de street style à Copenhague ou Stockholm Fashion Week.
- Le blazer noir oversize en laine froide, épaules marquées mais pas trop, porté avec tout.
- Le pull col roulé fin en cachemire ou mérinos, qui ne bouloche jamais.
- Les chemises blanches en popeline coton-soie, col italien, boutons en nacre véritable.
- Les jeans droits ou légèrement évasés, taille haute, denim italien lourd qui tient tout seul.
- Les pantalons en cuir souple noir ou chocolat, coupés comme des pantalons de tailleur.
Palette ultra-resserrée : camel, noir, gris anthracite, blanc optique, beige, crème, parfois un bordeaux profond ou un vert bouteille. Jamais d’imprimé, jamais de logo visible.
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Des matières qui justifient le prix
Totême ne plaisante pas avec la qualité :
- Cachemire venant de filatures italiennes ou mongoles triées sur le volet.
- Laine double face tissée en Italie (le même tissu que certains manteaux The Row, mais en moins cher).
- Cuir d’agneau nappé français ou italien, doublé soie.
- Coton égyptien ou japonais pour les chemises.
- Tout est fabriqué dans de petits ateliers en Italie, au Portugal ou en Lituanie, avec des finitions main (ourlets à la main sur les manteaux, boutons cousus en croix).
Résultat : un pull Totême à 420 € dure dix ans sans boulocher, un manteau à 1800 € traverse les générations.
Les pièces qui ont construit la légende
- Le manteau camel long (existe depuis la première collection, toujours identique).
- Le blazer « Structured Blazer » noir ou marine, devenu l’uniforme des working girls chic.
- Le pull « Curved Neck » en cachemire, col légèrement arrondi, porté par Rosie Huntington-Whiteley et toute la rédaction de Vogue Scandinavia.
- Le pantalon en cuir noir « Slim Leather Trousers », coupe cigarette, porté avec des baskets blanches ou des bottes à talons.
- La chemise blanche « Classic Shirt », celle que tout le monde copie depuis 2018.
- Le sac « T-Lock », minimaliste en cuir grainé, qui a détrôné le Puzzle de Loewe chez les Scandi girls.
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La communauté Totême : discrète mais puissante
Totême ne fait presque jamais de pub. Tout passe par le bouche-à-oreille et les réseaux. Sur Instagram, le hashtag #totemestyle cumule des centaines de milliers de posts : des filles en manteau camel dans la neige suédoise, des Parisiennes avec le blazer noir sous un trench, des New-Yorkaises en jean Totême et sneakers Veja.
Sur TikTok, les vidéos « Totême collection review » ou « Is Totême worth it ? » tournent en boucle. Sur Vinted ou The RealReal, les pièces se revendent à 80-90 % du prix neuf, même portées.
Pourquoi ça marche si bien aujourd’hui ?
Parce qu’on est en 2025 et que le monde a fini par comprendre que dix pièces parfaites valent mieux que cent pièces moyennes. Totême arrive au moment où :
- On veut un dressing capsule qui fonctionne du lundi au dimanche.
- On est prêtes à investir dans des basiques qui ne bougeront jamais.
- On en a marre des logos et des tendances qui durent six mois.
Totême ne fait pas de soldes, ne fait pas de collab tape-à-l’œil, ne court pas après les saisons. Elle fait juste les mêmes pièces, un peu mieux chaque année.
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Comment adopter le look Totême sans hypothéquer sa vie
Version accessible : manteau camel Cos ou Arket + jean droit Levi’s + pull col roulé Uniqlo cachemire + blazer noir Zara Studio. Version intermédiaire : manteau Totême d’occasion + jean Totême + chemise & Other Stories + bottes Dear Frances. Version full Totême : manteau camel + blazer noir + pull gris + jean droit + sac T-Lock + bottines à talons carrés.
Le secret : tout doit être parfaitement coupé, dans des tons neutres, et porté avec l’air de ne pas y avoir pensé.
Totême n’a pas inventé le minimalisme. Elle l’a juste rendu désirable, accessible (à partir d’un certain budget) et surtout vivable au quotidien. C’est la marque qui te fait dire, en enfilant ton manteau camel pour la 500e fois : « Oui, c’est cher. Mais oui, ça valait chaque centime. » Et c’est pour ça qu’on n’a pas fini d’en parler.


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